L’argent coule à flots chez Google. Alphabet, sa maison mère, vient d’annoncer un bénéfice net historique de 34,5 milliards de dollars au premier trimestre 2025, en hausse de 46 % sur un an. Un résultat si massif qu’il dépasse même les plus hautes attentes de Wall Street, avec un bénéfice par action de 2,81 dollars contre 2,34 anticipé. L’action du groupe s’est envolée de 4 % en after-hours, alors qu’elle avait déjà grimpé de 8 % cette même semaine.
Ce bond spectaculaire ne doit rien au hasard : Alphabet a été porté par la croissance explosive de ses activités cloud et le retour en force de ses services publicitaires. Le chiffre d’affaires global s’établit à 90,23 milliards de dollars, en hausse de 15 %, et confirme une stratégie axée sur l’intelligence artificielle et le renforcement de ses infrastructures technologiques. Mais cette réussite s’accompagne aussi d’une décision audacieuse : le rachat massif de 70 milliards de dollars d’actions, un signal puissant à ses actionnaires en quête de stabilité dans un climat économique secoué.
Des revenus publicitaires solides malgré la pression
Si l’activité cloud s’affirme comme moteur de croissance, avec 12,26 milliards de dollars de chiffre d’affaires (+28 % sur un an), la publicité reste le pilier du groupe. Elle représente 75 % de l’activité totale, soit 66,89 milliards de dollars sur le trimestre. Sundar Pichai, CEO d’Alphabet, a salué l’impact croissant de l’IA générative, citant 1,5 milliard d’utilisateurs mensuels pour les AI Overviews intégrées aux résultats de recherche.
Pourtant, la croissance du moteur de recherche affiche un léger essoufflement : +10 % seulement, contre plus de 12 % sur chacun des trimestres de 2024. Une tendance que Philipp Schindler, responsable commercial, lie aux droits de douane réimposés par l’administration Trump, notamment sur les colis importés de Chine, qui affectent le budget pub de clients comme eBay.
« Nous avons beaucoup d’expérience pour ce qui est de naviguer en temps agité », a-t-il déclaré, reconnaissant que l’impact pourrait être perceptible dès cette année sur les revenus publicitaires.
Le cloud, bras armé de l’intelligence artificielle chez Google
La croissance du cloud ne tient pas seulement à la demande classique en stockage et services distants. Elle repose surtout sur l’essor de l’intelligence artificielle, qui nécessite une infrastructure colossale pour fonctionner à pleine puissance. Le cloud pèse désormais 14 % du chiffre d’affaires d’Alphabet, contre moitié moins il y a cinq ans.
Yory Wurmser, analyste chez Emarketer, souligne que cette progression confirme que les solutions IA de Google « continuent de séduire malgré une concurrence renforcée ». Le résultat opérationnel de cette branche a plus que doublé, tirant les marges à la hausse et validant la rentabilité croissante de ces investissements.
Une stratégie IA assumée et des investissements colossaux
Alphabet n’a pas l’intention de lever le pied. La directrice financière Anat Ashkenazi a confirmé un niveau d’investissement maintenu à 75 milliards de dollars sur l’année. Une partie conséquente est destinée à renforcer les capacités en serveurs et puces IA, pour soutenir notamment le développement du modèle maison Gemini.
Sundar Pichai a révélé que 30 % des lignes de code internes sont déjà générées par l’IA, avant d’être validées par des développeurs humains. Une manière de prouver que l’IA ne se limite pas aux produits : elle s’infiltre aussi dans les rouages mêmes de l’entreprise.
Alors que des rivaux comme Amazon, DeepSeek ou OpenAI affûtent leurs armes, Google répond par une combinaison redoutable : innovation IA + solidité publicitaire + soutien massif aux actionnaires. La firme de Mountain View affiche clairement ses ambitions : régner sans partage sur l’ère de l’intelligence générative.
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