Accord de dernière minute : Lufthansa s'empare d'ITA Airways

Les négociations ont été intenses, mais c’est officiel : Lufthansa et le gouvernement italien ont signé in extremis un accord pour le rachat de la compagnie italienne ITA Airways. Lundi soir, les deux parties ont validé les termes du contrat, respectant ainsi la date butoir fixée pour envoyer les documents à la Commission européenne. Cet accord final marque la fin de plusieurs années de tractations pour céder ITA, successeur de la défunte Alitalia, à un acteur solide du transport aérien européen.

Un rachat à étapes pour Lufthansa

Lufthansa, après un long parcours d’acquisition, prévoit d’abord d’acquérir une participation de 41% dans ITA Airways pour un montant de 325 millions d’euros, avec la possibilité d’augmenter sa part à 100% à moyen terme. Cette première phase a été conclue en mai 2023, mais la finalisation restait suspendue aux conditions de la Commission européenne, qui a exigé des concessions pour garantir la concurrence. Les deux compagnies ont notamment dû céder certains créneaux aéroportuaires, les fameux « slots », pour préserver l’équité sur certaines liaisons.

En effet, Bruxelles surveille de près ce dossier, ayant ouvert en janvier une enquête approfondie pour analyser les impacts de cette transaction sur la concurrence, notamment sur les lignes court et long-courriers vers et depuis l’Italie. Cette approbation européenne est le dernier obstacle pour finaliser ce mariage aérien. «L’approbation finale de la Commission européenne est attendue avec confiance** », a déclaré le ministère italien de l’Économie. 

Des tensions sur le prix du rachat 

Tout au long des négociations, le prix d’acquisition a été un point de discorde. En 2023, Lufthansa avait initialement signé un accord pour 325 millions d’euros pour 41% des parts, avec une option d’acheter 49% supplémentaires pour un montant identique. Pourtant, face à une possible perte de valeur d’ITA Airways attendue pour le dernier trimestre 2024, Lufthansa a tenté de négocier un rabais de 10 millions d’euros sur cette phase future. Une demande fermement rejetée par le gouvernement italien, qui, selon une source proche des discussions, a répondu : « L’Italie ne brade pas sa compagnie aérienne. »

 Le ministre italien de l’Économie, Giancarlo Giorgetti, a finalement signé l’accord, après avoir réclamé des mesures pour garantir une concurrence juste, notamment la libération de créneaux aéroportuaires pour d’autres compagnies. Ce geste décisif a permis de conclure l’accord juste avant la date limite, permettant ainsi l’envoi du « paquet de remèdes » à la Direction générale de la concurrence de la Commission européenne.

Une acquisition stratégique pour Lufthansa

Pour Lufthansa, cet accord revêt une importance stratégique dans un contexte économique difficile. Le groupe allemand, qui affiche une hausse de 5% de son chiffre d’affaires au troisième trimestre 2024, à 10,74 milliards d’euros, peine néanmoins à stabiliser son bénéfice net, qui a reculé de 8%, atteignant 1,1 milliard d’euros en raison de la hausse des coûts de maintenance et des salaires. Cette acquisition représente donc une bouffée d’air frais pour Lufthansa, qui voit dans le marché italien, le troisième plus grand de l’UE, un fort potentiel de croissance.

ITA Airways, de son côté, a redressé ses comptes au premier semestre 2024, atteignant un Ebitda de 62 millions d’euros après des années de pertes. En septembre, la compagnie italienne a confirmé une croissance de ses recettes de 27% à 1,4 milliard d’euros, des résultats encourageants qui renforcent l’intérêt stratégique de Lufthansa pour cette acquisition.

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