secteur | Evolution sur les 3 derniers mois (exprimée en rythme annualisé) |
total | 5,81% |
institutions financières | 7,21% |
ménages | -2,19% |
états (*) | 38,69% |
sociétés non financières (entreprises) | 2,78% |
La croissance du crédit a ralenti (+5,8%) sans s'arrêter, mais comme au
trimestre précédent, c'est
l'état qui a fait l'essentiel, sans réussir à relancer le crédit chez
les ménages, malgré sa
fuite en avant tout à fait exemplaire et caractéristique d'une politique
keynésienne parfaitement appliquée.
Les institutions financières ont également augmenté leur endettement (+7,2%)
Un des aspects
fondamentaux d'une économie artificielle reposant sur le crédit est que
comme pour un drogué, elle a besoin de stimulations toujours plus fortes
pour se maintenir à flot : Les plans de relance étatiques ont en
apparence une certaine efficacité dans un premier temps et semblent
raisonnables en terme de coût. Puis il faut augmenter sans cesse les doses
de dette parce que le consommateur devient de plus en plus équipé et a de
moins en moins d'appétit de consommation.
En 1983, il fallait 1,63 $ de dette nouvelle pour obtenir 1$ de croissance
du PIB.
En 1997, il fallait 3,08$.
En 2007, il fallait 6,86$ pour obtenir ce même $ de croissance.
|
Croissance du PIB (milliards de $) | Croissance de la dette (milliards de $) | $ de dette supplémentaire pour obtenir 1$ de croissance du PIB |
1983 | 427 | 694,6 | 1,63 |
1997 | 473 | 1457 | 3,08 |
2007 | 640 | 4394 | 6,86 |
(données : FED)
Ceux qui prétendent aujourd'hui "relancer le crédit" n'ont pas compris une
chose essentielle : La
quantité de dette qu'ils devront "injecter" pour obtenir le $ de croissance
supplémentaire croit de façon exponentielle, jusqu'à la
rupture (*) (qui est
en train de se produire en ce moment).
Cette évolution fait qu'un simple ralentissement de la croissance de la
dette est à présent suffisant pour provoquer une catastrophe, vu qu'on sort
du schéma exponentiel : même si on parvenait à "effacer l'ardoise"
miraculeusement, l'économie ne repartirait pas (tant que l'on ne voudra pas
sortir des schémas passés basés sur le crédit) parce qu'il faudrait pour
cela retrouver une croissance de la dette encore plus forte qu'au cours des
années 2000 (en monnaie constante !).
En Europe maintenant, selon les
données de la BCE, la situation n'est pas tout à fait la même, puisque
le crédit a commencé à se contracter sur les 3 derniers mois (octobre à
janvier). Il faut être prudent sur l'interprétation des données de la BCE
qui sont moins complètes que celles des USA (en particulier sur les dettes
gouvernementales), mais la différence est sensible, surtout en ce qui
concerne les institutions financières.
secteur | Evolution sur les 3 derniers mois (exprimée en rythme annualisé) |
Institutions financières | -15,56% |
Ménages | -3,19% |
Etats (*) | 2,33% |
Sociétés non financières (entreprises) | 5,24% |
Evolution globale | -5,77% |
La politique européenne a été un peu moins
interventionniste que celle des USA, sans doute parce que la marge de
manoeuvre disponible en Europe est moins grande qu'aux USA (les états
européens partant en moyenne de plus haut en terme d'endettement public, et
les taux des emprunts d'état y étant plus élevés).
Les déclarations de beaucoup de dirigeants ne montrent aucune prise de
conscience de la réalité : On continue à croire que le crédit pourra être
relancé à l'infini, et
on
s'occupe comme on peut à chercher des boucs émissaires :
Nous avons eu droit à un flot de déclarations
sur le thèmes des paradis fiscaux, des stock-options et bonus de divers
patrons, du bouclier fiscal...etc.
Je ne soutiens évidemment pas le blanchiment
d'argent ou le versement de récompenses à des dirigeants qui ont mis leur
société en faillite. Sans doute que ces problèmes doivent être débattus,
mais focaliser le débat sur des détails insignifiants comme les
stock-options, les bonus de hauts cadres bancaires (qui ne représentent même
pas 0,1% des sommes en jeu dans la crise actuelle), ou quelques textes
règlementant certaines activités financières permet surtout de donner
l'impression d'agir, tout
en évitant de parler du vrai problème qui est de passer d'un modèle
économique artificiel basé sur une croissance exponentielle de la dette à
un autre modèle économique basé sur une croissance saine où la dette ne
progresse pas plus vite que la production de richesses réelles.
* Petite précision qui me semble
indispensable par les temps "populistes" qui courent : par le mot "rupture",
je n'entends évidemment pas "fin de l'économie de marché" (certains
intellectuels issus d'une autre génération et vivant dans leur petite bulle
soixante-huitarde en rêvent depuis 30 ou 40 ans).
Bien au contraire, cette rupture (les grandes crises sont l'occasion de grands
changements de tendance)
signifie sans doute la fin
d'une tendance à l'expansion incessante du poids des états dans nos économies et
de plans de relance caractérisés par des dépenses publiques toujours plus
grandes. Ces états n'ont aujourd'hui plus les moyens de leurs ambitions.
Désolé pour ceux qui pourchassent un
"néo-libéralisme" imaginaire (à coup de slogans et de jolis discours creux
ne contenant pas la moindre preuve
chiffrée pour étayer leurs dires), mais les
faits et les chiffres sont implacables, nous vivons bien actuellement dans
des économies plus étatisées que jamais...à
une notable exception près, la Chine, dont le poids de l'état est passé
de 90% à moins de 40% au cours des dernières décennies, et qui a "comme par
hasard" réalisé la plus forte expansion économique de toutes les grandes
économies.
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