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Y aura-t-il une nouvelle récession ou non ? Je crois que cette question est
devenue secondaire, bien qu’elle m’ait correctement excité les neurones pendant
toute l’année 2010…
Je ne sais pas si les Etats vont gagner la guerre contre la crise. Jusqu’à
présent, si on est honnête, il n’y a aucun vainqueur ni vaincu ! C’est justement
ce constat qui m’amène à changer mes priorités en stratégie pure. Je me suis
trompé de cible. Il n’est même pas écrit ou garanti qu’une nouvelle crise
économique fasse un gros bear market sur les indices boursiers !
Ce qui compte, ce n’est donc pas l’issue, mais le remède que les Etats utilisent
et l’impact qu’il a sur la machine économique.
En effet, quelque part, en tant qu’épargnant, notre implication dans le système
est limitée. Seuls les politiciens et les fonctionnaires sont finalement
concernés en disposant d’un certain pouvoir pour agir. L’épargnant, lui, doit
avoir comme objectif numéro 1 de préserver son patrimoine et le faire travailler
au mieux. La gestion du système, c'est en dehors de sa zone...
Le remède, nous l’avons vu, s’appelle, quantitative easing ou monétisation des
dettes souveraines.
J’y ai longuement réfléchi. Je crois de moins en moins à l’idée que la France a
signé dans les années 90 la construction de l’euro avec l’Allemagne, l’Italie et
l’Espagne, en se leurrant.
Voyons l’histoire du franc rapidement. La dette de la France est passée de 21%
en 1981 à l’arrivée de Mitterand et de ses voleurs à 57% du PIB en 1994 à son
départ, soit de 92 à 660 milliards d’euros. Nous connaissons tous les délires
des socialistes... Inutile de recommenter le carnage. Chirac arrive et met en
œuvre exactement les mêmes blagues. Du coup, la dette publique passe de 57 à 67%
du PIB, soit de 660 à 1200 milliards d’euros. Après 2000, en pleine folie
immobilière et de croissance économique mondiale, au lieu de réduire
l’endettement, tout le monde parle de redistribution, compassion, solidarité…
Après 2008, la fuite en avant commence à faire exploser le système. Nicolas
Sarkozy est le dindon de la farce et doit gérer la merde (ce qu’il ne fait pas
d’ailleurs…). Dans cette folle course de l’hyper endettement, le franc a été
dévalué à plusieurs reprises. Cette dévaluation est finalement l’autre pan de la
monétisation de la dette.
Je retire donc de cette perspective l’idée que les Etats au final trichent
toujours de la même manière, que ce soit les USA ou l’Europe : ils transforment
à chaque fois l’excès de dettes en dévaluant. Si on remonte plus loin dans
l’histoire et même à l’origine des monnaies fiduciaires, le procédé identique («
the » remède) peut être constaté à chaque fois.
Conséquence, il est probable à l’avenir que cela continuera de la même manière.
Quand je dis que j’ai changé d’avis récemment sur la construction de l’euro,
cela signifie que je devine que les pays européens ont signé une sorte de pacte
du diable dans les années 90. Je crois de moins en moins à une version où les
stratèges des pays européens se seraient laissés berner par l’Allemagne.
Pour moi, l’Allemagne a misé sur l’euro pour éviter d’avoir un deutsche mark qui
s’apprécie trop, ce qui au final, lui permettait de développer une machine de
guerre à l’échelle mondiale pour les exportations : elle a fait donc le pari que
le mauvais comportement de ses partenaires perdureraient, pour son plus gros
bénéfice.
En face, la France, l’Italie et l’Espagne sont les principaux partenaires de
l’Allemagne, import et export. Leurs intérêts étaient donc d’aider l’Allemagne à
disposer d’une devise affaiblie pour qu’elle cartonne à l’international à leur
place. La France, l’Italie et l’Espagne ont misé sur les retombées d’une
Allemagne conquérante du monde, en tant que fournisseur. Ces pays se sont
divisés le travail.
La stratégie n’a que trop bien fonctionné. D’un côté, la France, l’Italie et
l’Espagne étaient certaines de devoir dévaluer. Ces trois pays sont totalement
inadaptés à la survie dans la mondialisation. En s’adossant à l’Allemagne, ils
se sont offerts une devise plus stable et plus forte, ce qui a permis de masquer
leurs lacunes structurelles.
Mais, de l’autre, l’Allemagne a respecté la loi de Pareto en dominant totalement
l’Europe au niveau économique dans les échanges. J’ignore si les constructeurs
de l’euro ont sous estimé ou non ce process naturel. A mon avis, c’est surtout
là qu’ils ont merdé. Ils ont sous estimé la canibalisation inévitable de
l’Allemagne sur les autres protagonistes. C'est trop contraire à la manière de
penser des députés et autres têtes à claque qui nous dirigent...
Au final, la variable d’ajustement est le déficit budgétaire entre les pays
européens. Tous ces pays ont intérêt à continuer la musique. J’ai été TRES
surpris en mai 2010 quand les Allemands ont accepté la possibilité de monétiser
les dettes. Je me suis dit que des choses m’échappaient… eux, les champions de
la discipline budgétaire !
Tous les pays, le fort qui bénéficie de l’euro affaibli et les faibles, qui
bénéficient d’un euro non dévalué grâce à la présence du fort, ont intérêt à
faire du déficit budgétaire qui est ensuite monétisé. Personne n’a intérêt à
faire imploser le système. Tout le monde gagne avec la stratégie que j’évoque.
Je crois donc que l’euro est condamné à être dévalué lentement mais
méthodiquement et sûrement. L’issue de la crise économique importe peu. L’euro
est l’outil pour maintenir le système en vie. Ce n’est qu’un dosage dans le
temps que nos élites vont orchestrer.
De très nombreux commentateurs sur internet nous expliquent encore que la seule
solution passe par une sortie de l’euro de certains pays européens, ou que nous
allons droit dans le mur. (J’ai tenu ce discours également pendant plusieurs
trimestres avant de voir la France exploser son déficit budgétaire en pleine
crise irlandaise... Il est devenu impossible de croire que les politiciens
français sont suffisamment stupides pour poursuivre la voie de l’hyper
endettement sans avoir un atout dans leur jeu qu’on ignore. Sinon, la France
aurait mis la pédale douce sur les dettes. Elle a fait l’inverse…)
Je n’y crois plus une seule seconde. L’euro va tenir le choc. La BCE va racheter
et monétiser. Et tout le monde va écraser de la même manière que pour les USA et
la FED.